C’est une salle bien remplie qui a écouté le Professeur Pirard pour cette conférence magistrale nous démontrant le potentiel de l’économie circulaire des métaux pour la Wallonie.

Le Professeur Pirard retrace tout d’abord l’histoire de la métallurgie en Wallonie et met l’accent sur l’utilisation croissante des métaux dans notre vie quotidienne. Il mentionne également la position actuelle de leader de la Chine pour la production de terres rares ainsi que les mesures protectionnistes qu’elle a mises en place. Il est donc primordial que l’Europe réapproprie ces compétences et il mentionne la liste européenne de 30 éléments critiques et stratégiques. https://rmis.jrc.ec.europa.eu/

Concernant la présence de métaux exploitables en Wallonie, il est souligné que la région possède un sous-sol très riche, mais souffre du syndrome du « pas dans mon jardin » (NIMBY) et ne peut envisager actuellement la réouverture des mines. Pourtant, les progrès technologiques permettraient une exploitation moins contraignante. Ce sujet fait actuellement l’objet de réflexions.

L’avenir se trouve plutôt dans le recyclage. Il est nécessaire d’inscrire la métallurgie du futur dans le développement durable. Une quantité colossale de métaux s’accumule dans nos déchets, quantité non négligeable bien qu’elle ne représente qu’un faible pourcentage de nos besoins. L’économie circulaire complète n’existe cependant pas, mais l’émergence de nouveaux besoins vient alimenter la boucle de réutilisation.

De nouvelles associations de métaux apparaissent, créant ainsi le besoin de nouveaux procédés de récupération polymétallique. Il s’agit d’une opportunité d’innovation pour nos centres de recherche. Les friches industrielles dont nous disposons offrent d’excellentes opportunités pour l’installation d’usines de recyclage. On parle de « réindustrialisation circulaire ».

La métallurgie « le retour » ou « reverse metallurgy » est développée en Wallonie depuis 2014 et de nouveaux projets sont déjà opérationnels ou en phase de démarrage. Le Professeur Pirard en a décrit quelques-uns.

Les robots et l’intelligence artificielle sont intégrés aux processus pour détecter les métaux dans les déchets. Grâce à l’IA et aux robots, on s’oriente vers des traitements intelligents. On parle aussi d’hydrométallurgie, moins énergivore.

Pour conclure, le Professeur Pirard nous livre quelques réflexions. Ne devrait-on pas intégrer la défabrication des produits dès leur fabrication ? Le coût des métaux est anormalement bas si l’on considère l’ensemble des coûts liés à leur production. Ne devrait-on pas introduire une notion de « coût-vérité » ou une « taxe sur la valeur dégradée » ?

Il termine sur ce constat : « Ce qui est critique ce n’est pas tant la matière première que l’utilisation que nous en faisons! »

Crédit photos :  © michel houet